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La Baleine
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28 octobre 2010

vacances de BM Venot en 1901 (1) source BD

6 Août 1901 Mardi Esteville par Cailly S.I.

Enfin, cette année j’ai pu passer mes vacances dans ma chère Normandie, lieu de naissance de mon grand’père Magnier à Esteville, village dont il était le maire et où il était si aimé que certaines vieilles gens du pays l’appellent encore le roi d’Esteville ! Nous avons retrouvé la vieille maison[1] Vac_genets_2 à l’aspect rustique et familier, abandonnée depuis 10 ans. Nous y sommes pour ainsi dire campés, car le nombre de meubles est restreint, mais pour 6 semaines on se contente de peu, et la paix, le charme du pays remplacent avantageusement le confortable qui pourrait nous manquer. Nous sommes 4 ici : Suzanne ma sœur et son mari, mon frère et moi, plus la bonne du jeune ménage, Elise qui est une sorte de névrosée, mais qui fait fort bien son ouvrage.

Tous les jours, nous faisons une promenade de 8 à 10 kilomètres et c’est avec un plaisir nouveau que je parcours des villages que je n’ai pas vu depuis l’âge de 8 ans. Ce qui augmente ma satisfaction, c’est que mon beau-frère Louis Batiffol, paraît goûter très spécialement ce genre de paysage assez varié, à petits coins frais et charmants.

Hier nous avons fait une petite excursion à St Saens qui est à environ 10 kilomètres d’Esteville. A 9h. moins le 1/4 Louis (mon frère) et moi sommes partis à pied emportant notre appareil photographique, et faisant notre kilomètres en 10 minutes, nous sommes entrés à St Saens vers 10 h. 1/2.

Nous avons attendu 1 h. soit dans l’église qui est toute neuve, soit dans les rues du village l’arrivée de Suzanne et de son mari, dans leur somptueux équipage de l’ânesse et apportant avec eux les apprêts du festin. St Saens, à mon goût, est une jolie petite ville coquette et gaie, avec ses maisons claires presque toutes datant d’un siècle ou plus. Chaque perspective de rue est agrémentée d’un fond de forêt, assez élevé qui forme un horizon sinueux.

Nous avons mis notre âne et sa charrette à l’abri d’une vieille hôtellerie « au croissant » qui, d’après son aspect devait servir anciennement de relai de poste. Mais, hélas ! les chemins de fer l’ont fait décheoir , et ce n’est qu’à force d’appeler que nous parvenons à obtenir un paysan âgé au teint vermeil et au dos voûté, au regard fin et légèrement sournois du normand, qu’il nous dételle la bête.

Nous recommandons qu’on nous la soigne bien, puis nous nous partageons les paquets et commençons à gravir la route la plus proche pensant qu’elle mène à la forêt. Une petite fille qui nous suit pas à pas et nous regarde curieusement, une miche de pain sous le bras, un litre de cidre à la main, nous renseigne et nous dit que nous sommes dans le bon chemin.

vac_genets_1Au beau milieu de la route, Louis B. se frappe le front et tâte anxieusement ses poches, il a perdu son porte monnaie. Vite, il me charge du pain que je fais dégringoler dans la poussière, du reste, et court à l’auberge inspecter la voiture et les alentours. Pendant ce temps, nous choisissons un endroit à l’ombre d’un gros chêne, au dessus de la route, où nous déballons nos ustensiles. A travers la route, on aperçoit la ligne des bois de tous côtés, c’est charmant. Mais mon beau-frère revient, la tête basse, sans porte-monnaie. Il contenait 30 francs. Suzanne n’a aucun argent, Louis G. a quelques sous, bref, nous serions perdus si je n’étais plus riche qu’eux.

Enfin, l’on commence, chacun choisit son coin à l’ombre, le temps est délicieux, vraiment, le jour est bien choisi. Peu d’insectes nous gênent. Après le repas, ces messieurs font des cigarettes, je dessine un peu, Suzanne brode. Vers deux heures, nous repartons pour visiter un peu la ville, l’église etc. Je préfèrerais visiter les bois, mais peu importe !

Louis B. fait une déclaration à la mairie au sujet de son porte-monnaie, dont, je dois le dire, il supporte la perte héroïquement.

Près de la gare, il y a les ruines de l’ancienne abbaye, elles sont assez curieuses et se détachent très joliment sur l’ensemble des arbres et les pelouses vertes parsemées de vaches. Louis G. en prend la photo, mais oublie d’ouvrir l’objectif, ce qui rate tout.

Vers 4 h. nous repartons, mon frère et moi dans la voiture, Suzanne et son mari à pied devant ou derrière nous, suivant le bon plaisir d’Yvette qui s’en donne à loisir aux côtes.


 

[1] La propriété qui se compose d’une ferme de 50 h. avait été achetée en 1811 par les parents de la mère de mon grand’père, M et Mme Bauche commerçants à Rouen (draperie)

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Commentaires
E
Génial encore!
P
Super cette journee.Le recit,les photos.<br /> Top.<br /> On en veux d'autres.<br /> Philippe
D
c'est tres agreable et cela donne envie de ne pas utiliser la voiture en vacances (attention je ne dis pas que je vais le faire :O)), d;aller d'un village a un autre, faire un pique-nique et repartir.
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